La production de l’or au Cameroun s’est jusqu’ici faite dans une clandestinité déconcertante. Et dire que la littérature enseigne que les premières exploitations remontent à 1920 !
La production de l’or au Cameroun s’est jusqu’ici faite dans une clandestinité déconcertante. Et dire que la littérature enseigne que les premières exploitations remontent à 1920 !
L’histoire minière du pays l’enseigne aussi, le gisement national est inestimable. On trouve l’or à Misaje dans le Nord-Ouest, à Okola dans le Centre, à Mamfé-Tinto dans le Sud-Ouest. Il y a un potentiel aurifère dans l’Adamaoua, le Nord, l’Extrême-Nord et le Sud. Le plus important gisement connu à ce jour se trouve à l’Est, notamment à Betaré –Oya, Garoua-Boulaï, Ketté, Goura, Colomine, Beké, etc. Ici, l’exploitation de l’or est la principale activité des populations. Elles s’y investissent depuis 80 ans, sans jamais pouvoir éloigner d’elles, la pauvreté et la précarité. Le gouverneur de la région de l’Est, Adolphe Lele Lafrique, souligne que « depuis l’indépendance, l’activité est restée continue dans le temps et dans l’espace, mais la totalité de la production de l’or était jusque là canalisée dans les circuits clandestins avec un impact nul sur l’économie du pays ».
La question s’impose alors : à qui profite l’or du Cameroun ? Le souci du gouvernement de faire du secteur minier, le levier de la croissance, n’échappe pas non plus. Cela a conduit en 2001 à l’élaboration d’un nouveau Code minier. Deux ans plus tard, le CAPAM (Cadre d’appui à la promotion de l’artisanat minier), le bras séculier de l’Etat est créé pour aider, entre autres, à la canalisation et la valorisation de la production. Aujourd’hui, il est affirmé que les 70% de la production demeurent contrôlés par des clandestins. Un léger mieux, même si la situation reste préoccupante.
Il faut noter que la production mensuelle nationale tourne autour de 200 kg d’or. En janvier 2011, le cours mondial se situait à 1 400 dollars US l’once, soit à peu près 22.000 Fcfa le gramme. C’est dire ce que vaut l’or…On comprend la ruée des clandestins et l’invasion des firmes étrangères (encore appelés partenaires technico-financiers) qui proposent l’exploitation industrielle à travers des contrats plus ou moins rusés. Treize sociétés sont implantées dans le cadre de la mécanisation poussée de l’artisanat minier. Elles sont d’origine coréenne, sud-africaine, danoise, norvégienne, française, américaine, chinoise, anglaise, etc. Les contrats sont multiples. Il y en a qui accordent 3,5 millions de Fcfa aux parties prenantes locales. En fait, de la poudre aux yeux, puisqu’à côté, d’autres consacrent le principe de partage de la production. Les acteurs expliquent qu’avec le principe de partage de la production, les gains pour le Cameroun et les artisans peuvent être multipliés par dix.
C’est pourquoi, les notables et les autorités de la région de l’Est s’emploient à faire prévaloir l’équité afin que le pays profite de ses ressources dans un dispositif contractuel gagnant-gagnant. Dans cette perspective, l’autorité administrative a institué auprès de chaque opérateur technico-financier, un comité de sécurisation de la production minière et une fiche pour répertorier les transactions d’or.
L’opération Gold qui vise le renforcement de la réserve d’or du Cameroun a également pour finalité, d’exercer un contrôle étatique sur l’exploitation aurifère. Faut-il le souligner, les réserves d’or des pays dans leur banque centrale sont une garantie de traction de l’économie. Plus la réserve est importante, plus le pays est crédible auprès des bailleurs de fonds. La nécessité de sortir l’exploitation aurifère nationale du maquis s’impose donc comme un impératif.
Source: Cameroon Tribune du 31 Mai 2011
Un article de Jeanine Fankam
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